Asphyxia est un son instrumental commandé par le Centre culturel Onassis, à Athènes, pour le projet « Music for the New World » et a été créé au Centre culturel Onassis par l’ensemble Artefacts en mai 2017. Le titre de la pièce fait référence à un état survenant lorsque le corps est privé d’oxygène, provoquant l’inconscience ou la mort. Il vient du grec a- (sans) et sphuxis (pouls ou pulsation du cœur) qui se traduit littéralement par l’arrêt du pouls ou l’essoufflement. La pièce s’inspire des mystères de l’inconscient, des notions de temps et d’énergie, tels qu’ils se manifestent à travers le son. C’est l’homme paniqué, sentant qu’il pourrait suffoquer dans une minuscule pièce ou une grande pièce sans air ; sans air pour penser, pour agir, pour respirer.

J’ai tenté d’extraire des sons d’objets trouvés, de cordes, de tuyaux, de gestes, puis d’intensifier leur potentiel sonore et de leur donner une impulsion, un sens et une mémoire. Ce processus m’a conduit à une écriture hyper-idiomatique qui va au-delà de la vision classique de l’écriture instrumentale et de la pratique de la performance, tout en restant profondément liée au potentiel sonore et de performance de chaque instrument. La clarinette et le saxophone utilisent une anche synthétique ultra-fine que j’ai développée, tandis que les cordes jouent sur des instruments préparés avec un accordage inhabituel. Dans Asphyxia, l’écriture instrumentale se confond avec les pratiques du paysage sonore et de la musique concrète, pour créer une narration dramatique. Chaque son peut être lié à d’autres sons, mais il s’agit également d’une unité autonome, indépendante les unes des autres. Chaque son porte sa propre signification, son mouvement, son émotion, ses attributs acoustiques et ses associations. La mémoire sonore n’est pas vécue comme une instance, mais comme des paquets sensoriels. L’expérience n’est plus séquentielle, elle se dissout dans une sensation holistique.

Panayiotis Kokoras