La petite et scintillante partition d’Éclat (le terme signifie la brillance, les arêtes vives et tranchantes, le miroitement – mais aussi le fragment cf. Eclat/Multiples) fut saluée dans l’émerveillement un peu sceptique, le compositeur avait longtemps fait attendre ces quelques minutes de musique comme un surprenant « aérolithe musical » (Claude Rostand). De fait, l’œuvre, qui n’est pas sans évoquer le brio de certaines partitions ravéliennes, amplifie la veine « hédoniste » de son auteur, inaugurée avec Le Marteau sans maître (1955).
Elle est écrite pour quinze instruments, qui se répartissent en deux catégories : un ensemble « soliste » aux sonorités résonantes tantôt longues (piano, vibraphone, cloches), tantôt courtes (mandoline, guitare), tantôt mixtes (glockenspiel, harpe), et un « continuo » qui fait davantage fond sonore sous les figures solistes et composé de deux cuivres (trompettes, trombone) deux bois (flûte alto et cor anglais), et deux cordes (alto, violoncelle), aux sonorités plus ponctuelles qu’il faut « entretenir » le cas échéant (le rôle essentiel ici du trille).
À l’écoute, un premier équilibre de l’œuvre est clairement perceptible entre des phases actives du jeu (traits en fusées, accords, rapides interventions « en diagonale » d’une ou quelques notes) et des phases contemplatives où le son des instruments résonnants une fois émis est entendu pour lui-même, éventuellement entretenu puis conduit à l’extinction par le chef ou l’instrumentiste.