Varèse, grand aventurier du domaine sonore, visionnaire, précurseur et pionnier de la musique contemporaine française telle que nous la connaissons aujourd’hui, est le premier compositeur ayant su exprimer la poétique d’un monde citadin et mécanisé, le premier qui ait clamé l’angoisse du monde moderne. Il n’a laissé que 14 partitions, chacune plus étonnante que l’autre, dont celle d’Octandre.
Il s’agit d’une œuvre majeure étonnement novatrice, figurant parmi ses toutes premières (1923), la seule qui ne comprenne aucune percussion. Ecrite d’après une formation instrumentale très atypique (flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, trombone, contrebasse) elle se distingue aussi des autres par une structure en trois courts mouvements enchaînés, dans lesquels Varèse affirme, à travers les mélodies incantatoires, des martèlements rythmiques d’allure « sacrale », l’interpénétration des timbres… la voie qu’il explorera dorénavant. Malgré le vif succès qu’elle connaît encore aujourd’hui, cette formation à la fois très riche en couleurs et très réduite quant au nombre de musiciens, ne s’est jamais imposée comme un « standard » auprès des autres compositeurs.