Parabola Aquilence

compositeur.rice

genre :

Instrumental

durée :

17 minutes

année :

2014

effectif :

Baryton basse et ensemble instrumental [9 musiciens] : 2 saxophones, contrebasson, cornet à pistons, 1 percussionniste, accordéon, cithares chromatique et en tiers de tons, harpe et contrebasse

création(s) :

Le 17 mai 2014 | Les Matins Sonnants, Festival Les Musiques | Opéra de Marseille, Marseille
Commande de l’Etat français

Intention :

Les pouvoirs prophétiques de la prose de Franz Kafka ne sont pas une idée nouvelle et sont souvent discutés sous différents angles. La vie et la mort de Gregor Samsa dans La Métamorphose de Kafka sont devenues, cent ans après leur publication, comme la plupart de ses écrits, une icône de la culture occidentale moderne. Pour beaucoup, l’art de Kafka est devenu un instrument intellectuel et mental important dans leurs tentatives désespérées de comprendre ou au moins de contenir l’existence d’après-guerre. Aujourd’hui, sa résonance est aussi claire et pertinente que jamais, dans le contexte de la machine sociale contrôlée par le numérique dans laquelle nous vivons tous. Tout au long de l’histoire, l’aigle (souvent le nom qui fait référence au vautour chasseur) a été un symbole de pouvoir et d’autorité, depuis l’Empire romain jusqu’au troisième Reich, en passant par les jours de la Révolution américaine.

 

Der Geier (Le Vautour), un court texte en prose de Kafka, fait partie d’une série de paraboles animalières. Il m’a attiré en tant que texte porteur d’un potentiel prophétique et herméneutique qui active de nombreuses cordes sensibles dans notre monde mental contemporain fait de luttes, de douleurs, d’humour et de dilemmes.

Seule la toute fin de l’histoire de Kafka apparaît dans ma Parabola Aquillence dans son texte original allemand (voir la citation ci-dessous). Le corps principal du livret, je l’ai composé en imaginant une large palette linguistique de « mots » imaginaires et de leurs sons, de gestes et de syllabes isolées, souvent modifiés pour répondre à mes besoins musicaux et théâtraux. Ainsi, le chanteur et les neuf autres acteurs-musiciens nous présentent un micro-opéra qui suggère peut-être que le véritable « texte » est en fait méta-sémantique, et que ce qui nous intéresse vraiment se trouve dans le sens des paraboles et des prophéties. C’est la résonance émotionnelle et intellectuelle au sein de notre culture et de notre mémoire personnelle et collective qu’il est important de soutenir.

La pièce est écrite pour une chanteuse basse amplifiée et neuf instrumentistes : deux saxophones soprano et un cornet, un percussionniste utilisant divers instruments, dont des coquillages et des boîtes en bois, un cithariste jouant sur une cithare chromatique et une cithare accordée en 13 tons, un harpiste, un accordéoniste, un contrebassoniste et un contrebassiste.

 

…Pendant cette conversation, le vautour avait écouté calmement, laissant son regard errer entre moi et le monsieur. Maintenant, je me suis rendu compte qu’il avait tout compris ; il a pris son envol, s’est penché en arrière pour prendre de l’élan, puis, comme un lanceur de javelot, a enfoncé son bec dans ma bouche, profondément en moi. Retombant en arrière, je fus soulagé de le sentir se noyer irrémédiablement dans mon sang, qui remplissait chaque profondeur, inondait chaque rive.

 

Benjamin Franklin a écrit au sujet de l’aigle (Aquilla) :
Je souhaiterais que l’aigle à tête blanche n’ait pas été choisi comme représentant de notre pays, c’est un oiseau de mauvaise moralité, il ne gagne pas sa vie honnêtement, lorsqu’un oiseau diligent a finalement pris un poisson, et le porte à son nid pour l’entretien de sa compagne et de ses petits, l’aigle à tête blanche le poursuit et le lui prend….. En outre, c’est un véritable lâche ; le petit oiseau-roi, pas plus gros qu’un moineau, l’attaque hardiment et le chasse de la région. Il n’est donc en aucun cas un emblème approprié pour les courageux et honnêtes … d’Amérique.

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