Silenciaire

compositeur.rice

genre :

Instrumental

durée :

16 minutes

année :

1969

effectif :

Ensemble instrumental [18 musiciens] : 6 percussionnistes et 12 cordes (4 violons I, 3 violons II. 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse)

création(s) :

Le 6 septembre 1969 | Festival de Lucerne | Suisse

éditeur :

Éditions Billaudot

Intention :

Par ce titre de Silenciaire, l’auteur entend proposer une sorte de bréviaire du silence, matière dont notre temps a fait un phénomène précieux entre tous. De cette contemplation du silence, qu’il tend à considérer comme source de toute création et de toute vie, naît une découverte de l’espace intérieur, tant pour le créateur que pour l’auditeur. Le Silenciaire tente encore l’expérience de suggérer, à l’instar de certains phénomènes de la nature, l’absence de bruit à travers un enchevêtrement de sons qui peut aller jusqu’au vacarme. En d’autres moments, l’œuvre ponctue de jaillissements sonores des plages de silence tissées de veinures à peine perceptibles à l’oreille. Seule l’impression totale que laissera cet ouvrage, une fois éteinte la résonance du dernier verset, dira à chacun s’il a pu isoler et cerner en cours de route un peu de la précieuse absence qui est la quête su Silenciaire.

 

Notice de Maurice Ohana

 

Il s’agit donc d’une œuvre en creux, qui repose sur cet étonnant paradoxe qu’il faille recourir à cet impressionnant arsenal de percussions pour donner la dimension du silence. Et Ohana orchestre superbement ce jeu des contraires auquel il s’adonne toujours avec délices, et sans jamais faire fi des contradictions. Au moment de la création française du Silenciaire, il confiait au cinéaste Paul Seban : «Le silence absolu, le silence total doit être quelque chose peut-être d’insupportable. (…) Vous savez bien qu’on est excédé par le bruit et à quel point on souhaite le silence». Il ajoutait : «Il y a une sorte de méditation à mener sur le silence», et son œuvre en est une illustration éloquente, dans une dialectique désir/angoisse du silence. En même temps, c’est une méditation sur la raison même de la musique, qui naît du silence et y retourne, et on ne peut s’empêcher de penser à cette sentence d’un sage chinois qu’affectionne Henri Dutilleux : «Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tait toi.»

 

Extrait de «Maurice Ohana», par Édith Canat de Chizy et François Porcile, éditions Fayard

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