Skiaï, du grec signifiant « ombres », a été écrit en 1998. La première version de la pièce comportait cinq lignes autonomes, aux mesures, nuances, modes de jeu et variations de timbres individuels. Pour des raisons pratiques de mise en place, les mesures sont devenues communes à tous les instruments ; mais le principe de base est resté le même.
Il s’agit d’une pièce singulière, dans la mesure où – hormis l’explosion suivant la deuxième cadence – elle est presque tout le temps au seuil de l’audible, comme si les sons fusionnaient, devenaient inidentifiables, visant à l’indifférenciation des timbres. Toutes mes pièces depuis sont basées sur la virtuosité instrumentale, digitale, sur l’énergie du geste.
De plus, l’autre singularité est que la structure de la pièce, de même que la structure interne, ne sont pas le fruit de savants calculs ou de pré-structuration systématique : bien au contraire, la pièce a été abordée sans aucune préparation, sans pré-organisation : le discours musical s’est déployé au fil de la composition.