Le titre grec de la pièce signifie «bourgeonner» et fait référence à un phénomène naturel : la croissance, l’éclosion lente d’une vie organique.
Un petit orchestre (14 instrumentistes) réunit toutes les possibilités sonores d’un grand orchestre en évitant les effets de fusion : chaque instrument ne s’y trouve qu’une seule fois (4 bois, 3 cuivres, un riche éventail de percussions [un instrumentiste], piano et quintette à cordes). Les instruments sont censés éviter tout vibrato ; pour le compositeur, cette exigence prend l’allure d’une profession de foi : «le vibrato est proscrit !» déclare-t-il sur la première page de la partition. L’aspect humain ou tout simplement vital du souffle se trouve ainsi supprimé en faveur d’un débit sonore plus anonyme.
Le mouvement que l’auditeur sent émaner de cette pièce ressemble à la fois au changement lent des plantes avec ses transitions presque imperceptibles et aux secousses violentes qui rappellent des phénomènes comme le vent ou les séismes et non pas des mouvements d’origine volontaire. Très souvent, les instruments décrivent des glissandi aux contours imprécis ; l’utilisation des quarts de ton est un moyen supplémentaire de supprimer toute référence à un univers de douze sons identifiables. Même les «accords» et les clusters sont disposés de telle manière qu’ils ne se constituent pas en points de repère, mais disparaissent derrière un voile de trémolos…