Walden

compositeur.rice

genre :

Mixte

durée :

40 minutes

année :

2015

effectif :

Trio, chef et électronique : clarinette, cymbalum, percussions, chef d’orchestre, improvisateur (électroacoustique)

création(s) :

Le 8 mai 2015 | Festival Les Musiques | Cité Radieuse du Corbusier, Marseille

Intention :

Les sons, les bruits, l’écoute… A travers tout le XXe siècle, de nombreux compositeurs ont travaillé sur cette problématique de l’écoute. De Luigi Russolo et son manifeste futuriste (L’arte dei Rumori, 1913) à Raymond Murray Schafer et son écologie sonore en passant par Edgar Varèse, John Cage, Lamonte Young, Feldman ou encore Pierre Henry et Pierre Schaeffer, tous ont apporté par leurs écrits, réflexions et compositions un regard nouveau sur la place du son dans notre environnement.

 

Néanmoins, force est de constater qu’aujourd’hui, plus de cinquante ans après les 4’33 » de Cage, notre espace sonore est envahi, rempli au maximum. Notre écoute en est pour le moins transformée, si ce n’est abimée (usage intensif du format mp3…).

 

Ce projet est né de l’écoute attentive d’un lieu. Un environnement naturel, vivant, reflet de l’humanité du XXIème Siècle. Il propose un ré-apprentissage de l’écoute d’un environnement sonore familier. Une sorte de travail d’entomologiste du son au service des oreilles des auditeurs.

 

Nos oreilles sont aujourd’hui habituées à écouter prioritairement ce qui est donné à entendre par le monde actuel. Elles trient et laissent souvent de côté, par manque d’attention, de temps, ou de décision, les sons qui nous entourent et habitent un lieu donné. Par le concept général du concert, les gens sont habitués à venir s’assoir et à attendre le début de la prestation en discutant, en regardant leur téléphone ou en lisant une note ou un journal. Dès que les artistes entrent en scène, commence alors l’écoute. C’est à dire que le cerveau envoie à l’oreille l’ordre d’écouter. Ce positionnement prend fin quand on a fini d’applaudir, le concert étant terminé. On retourne alors à une écoute plus ciblée des choses que l’on a besoin d’entendre par nécessité.

 

L’environnement architectural dans lequel nous vivons transforme notre écoute. Les sons se servent des éléments qui nous entourent pour sonner et il apparaît évident que nous n’écoutons pas de la même façon si nous vivons en pleine ville ou en pleine campagne. Nos oreilles se façonnent peu à peu en relation à notre architecture environnante. Cette constatation sert de base au projet de partition graphique de cette œuvre électroacoustique mixte.

 

Par ce projet, on instaure un autre rapport au concert et donc à l’écoute. Le public est invité à venir s’assoir dans un lieu donné, au sein d’un dispositif d’écoute particulier. Les gens doivent se sentir presque seuls face à l’environnement, comme lors d’une balade au sommet d’une montagne, lorsque l’on s’assoit quelques temps pour savourer le moment présent.

 

En trois phases, l’œuvre, une création électroacoustique mixte, va se révéler in situ. Partant des sons naturels du lieu (les sons endémiques, produits de façon non intentionnelle), elle y retournera après un parcours amplifié à l’aide d’un dispositif électroacoustique mixte soigneusement disposé dans l’espace du concert.

 

Une partition graphique, s’appuyant sur l’architecture du lieu permettra aux musiciens interprètes d’interagir (en épaisseur) sur les sons électroacoustiques.

 

Par ce projet, on instaure un autre rapport au concert et donc à l’écoute. La première phase permet un sas de déprogrammation de l’écoute et permet à chacun de commencer à « laisser les sons être ce qu’ils sont » (J. Cage). Le fait de passer par une phase de silence invite chacun à s’installer dans une écoute particulière, plus ouverte, libre. Les sons seront perçus peu à peu et prendront de plus en plus de place.

 

La deuxième phase joue sur la création, le concert, la prestation des artistes que l’on est venu écouter. Ces artistes travaillent en direct, in situ, et mettent en valeur certains sons n’émanant ni de leur intention gestuelle et/ou instrumentale, ni de leur technique, ni d’une partition définie à l’avance. Ils suivent et écoutent en même temps que le public. Peu à peu, leur intention de révéler ou de mettre en valeur certains sons prend forme et les sons naturels deviennent alors autre chose. Ils se transforment, bougent, se fondent les uns dans les autres et font apparaître une sculpture sonore (M.Duchamp) émanant de la matière première du lieu où l’on se trouve. La partition graphique interprétée par les musiciens leur permet d’interagir avec ces sons électroacoustiques, amplifiés ou non.

 

La troisième phase, enfin, réhabitue les oreilles à écouter les sons endémiques du lieu. Certains sons amplifiés vont particulièrement parler ou toucher ou déranger certaines oreilles. Ces sons, une fois revenus à l’état originel, naturel, non amplifiés, vont continuer à être écoutés par l’auditeur, mais d’une façon différente, plus respectueuse, plus aboutie, plus profonde. En revanche, d’autres sons vont apparaître à certains comme complètement nouveaux alors qu’ils étaient bien présents à leur arrivée sur le lieu. Peu à peu, l’ouïe va retrouver son sens premier et laisser les sons être.

 

Ce projet fait l’objet d’un collectage/repérage des sons qui dessinent un territoire, un lieu, un espace. Ces sons peuvent ainsi être répertoriés et permettre de dessiner une carte sonore d’un environnement donné. L’architecture environnante du lieu de collectage découle sur un graphisme qui servira de partition aux musiciens interprètes.

 

Le GMEM de Marseille, dirigé par Christian Sébille souhaite soutenir et suivre ce projet en coproduction de sa phase de recherche à sa création en passant par l’écriture de la partition. Il passe commande de cette œuvre pour une création sur le festival REEVOX en Février 2015 et met à disposition du compositeur ses moyens techniques, espaces de travail, studio ainsi que les musiciens de son ensemble associé : C Barré. De plus il prend en charge les frais de transport, hébergement et repas du compositeur durant toute la phase de travail sur la ville de Marseille pour la création d’un Walden/Marseille.

 

L’abbaye de Noirlac située dans le cher (18), centre culturel de rencontre, dirigée par Paul Fournier, souhaite également soutenir et aider ce projet. Le compositeur pourra ainsi y résider afin d’écrire la partition et un travail en relation avec le projet du lieu sera élaboré. Ainsi un Walden/Noirlac pourra voir le jour, en adéquation avec le projet de réhabilitation des jardins de l’abbaye, mené avec le botaniste Gilles Clément.

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